Yann Kebbi à la Galerie du Faouëdic

Scènes urbaines crayonnées et colorées, gravures, dessins pour la presse, livres illustrés : le travail de Yann Kebbi est multiple. C’est aussi le 24ème artiste invité à créer une estampe pour la Ville de Lorient. A cette occasion, une rétrospective inédite de son travail est présentée à la Galerie du Faouëdic du 13 janvier au 5 mars.

Quelles œuvres allez-vous présenter à Lorient ?

Yann Kebbi : Ce sera une vision assez globale et exhaustive de mon travail, ciblé sur le dessin et la représentation sur papier. Dans ce champs, je présente un éventail assez large de pratiques : dessin figuratif d’observation, applications pour la presse et l’édition jeunesse, de BD ou d’artiste… On découvrira d’ailleurs quelques livres. On trouvera aussi un travail plus expressif de gravures et de monotypes, dans de plus grands formats et souvent en noir et blanc. En tout, une cinquantaine d’œuvres seront présentées.

Crayons de couleur, peintures, gravures : vous aimez passer d’une technique à l’autre ?

Ma passion, c’est le dessin et la peinture : tracer, reproduire des choses, le réel. Dans cette obsession du dessin, je cherche à me renouveler, à ne pas m’ennuyer : je peux varier les formats et surtout les outils. Changer d’outil me permet d’aller à un croisement : tester les différentes applications du dessin et de l’utilisation des images, tout en questionnant l’esthétique et la représentation. J’aime cette variété qui impacte aussi le rythme de travail : une commande à livrer rapidement, un atelier d’estampe qui va me demander du temps… Le changement d’outil permet une approche différente. Et je cherche à ne pas me laisser enfermer dans une catégorie, je veux explorer et bouger sans cesse.

Vous êtes venus quelques jours à Lorient pour créer votre estampe de la ville. Quelles sont vos impressions ?

Ce principe de commande publique implique deux enjeux : répondre à une demande municipale avec une attente de « communication », tout en réussissant à s’en défaire et produire pour soi… C’est un exercice un peu paradoxal. Je ne connaissais pas Lorient, pourtant ma famille est de Quimper. Je suis venu deux jours pour explorer la ville à pied. J’ai été étonné de découvrir que Lorient avait été détruite, ça m’a rappelé Le Havre : j’ai beaucoup aimé ce mélange architectural d’après-guerre. Mais je ne souhaitais pas résumer Lorient à un « contenant », je voulais sortir de la carte postale. J’ai réalisé un travail sur l’humain plutôt que sur le bâti, avec un côté marin et historique lié à l’art breton…

Yann Kebbi, du 13 janvier au 5 mars, Galerie du Faouëdic

Vernissage le 27 janvier, visite commentée en présence de l’artiste le 28 janvier.

« Les désailés parlent de nous »

 

Violaine Fayolle est une artiste habitée : jeune femme brune, les cheveux courts, les yeux pétillants et le verbe généreux. Son projet, les désailés, est multiple et ambitieux. Philippe, Thierry, Léon, Igor, Simon ou Violaine : ce sont des oiseaux chimériques, à la fois humains et animaux, autour desquels Violaine organise pour 2017 une exposition, un cabinet de curiosité, du théâtre d’ombres, un film et un spectacle… « Je travaille sur ce projet depuis deux ans, confie la jeune femme, il m’habite totalement. » Et c’est pour concrétiser ce projet un peu fou qu’elle a lancé une campagne de souscription en ligne.

 

Traduire la difficulté d’être humain

Peintre, graveur sur bois, mais aussi diplômée de littérature, violoniste et danseuse, Violaine Fayolle le revendique : « l’art n’est pas pour moi un plaisir, mais une nécessité ». Pourtant, c’est en dehors des sentiers battus qu’elle a forgé ses techniques et développé sa créativité : pas d’études aux beaux-arts, mais une curiosité insatiable et un regard aiguisé. « Je ramasse des algues séchées, des coquillages, des bouts de bois, ils m’inspirent : dans cette branche, je vois la forme d’un joli cou, ce chardon bien rond offre un beau volume, des formes que j’exploite dans mes carnets ». Une dizaine de carnets Moleskine noirs, peuplés de dessins à l’encre noire : des oiseaux, des plumes, des branches, des visages, des croquis qui donneront naissance à 30 créatures hybrides, les désailés, réalisés à la gravure sur bois. « Ce sont des oiseaux, ils ont des ailes mais ne peuvent pas voler, explique l’artiste. On vit tous dans un monde difficile, on a du mal à être d’accord avec le système, ce qu’on nous impose… On passe par des phases d’incompréhension, de décalage. C’est ce que je montre avec cette série, en mettant en scène la figure du monstrueux, symbole du décalage. »

 

Révéler la beauté cachée

Violaine est une artiste du sensuel, du physique. Elle aime travailler la matière, ressentir les choses. « J’aime le bois, j’ai l’impression de libérer mes oiseaux en creusant la plaque. Et puis, en réalisant mes gravures, j’ai découvert des beautés spontanées : dans les étapes intermédiaires, des formes naissent, mais elles doivent disparaissent pour arriver au résultat final. Ces beautés éphémères, je les ai fixées par l’impression. » Une démarche qu’elle renouvelle en exploitant les caches, formes découpées dans du papier pour cacher certaines parties de ses gravures, et qui formeront un petit théâtre d’ombres. A partir d’une forêt noire, l’artiste veut graver dans le bois une narration grand format : « la forêt se révèle, puis se dissout, laissant les désailés en errance ». Un autre projet autour des oiseaux désailés sera réalisé en vidéo selon la technique du stop-motion, par l’accumulation de milliers de photos, prises à chaque étape de la gravure. Les désailés, oiseaux chimériques et pourtant si familiers, racontent la complexité des humains et de la société. Le travail sur bois, la transformation de la matière, racontent aussi cette histoire.

Un projet artistique à soutenir

Cette incroyable fresque artistique autour des désailés imaginée par Violaine doit prendre place à la galerie Pierre Tal Coat à Hennebont au printemps 2017. Pour permettre à ses créations de vivre et de se réaliser, l’artiste a lancé une campagne de financement participatif en ligne, où elle expose l’ensemble du projet et les différentes étapes de sa réalisation. De l’impression de ses gravures à la création d’un spectacle dansé, chaque intervention artistique nécessite un financement. « C’est difficile aujourd’hui de vivre de son art. Le financement participatif peut être une solution, mais je ne veux pas demander de l’argent sans offrir de contrepartie » : cartes postales, affiches, dessins, gravures originales sont offertes aux généreux donateurs. « Depuis toujours, j’ai besoin de peindre, de dessiner, de danser. Je communique autrement qu’avec les mots » confie la jeune artiste, pourtant diplômée en littérature. « Je suis pleine de paradoxes ! »

Plus d’infos sur son travail et son projet sur www.violaine-fayolle.com

 

 

Deux nouvelles galeries à Keroman

L’une est située au 9, avenue de la Perrière, c’est la Galerie Keroman, petite galerie de 30m² ouverte en novembre dernier par un couple d’amoureux de l’art, Joël Ragueneau et son épouse Bong-A Kim. Leur galerie a déjà accueilli les tableaux champêtres de Muriel Louette et les peintures ocre de Jacqueline Jouanneau, à suivre Fabrice Thomas et ses toiles pop et colorées.

L’autre est située au 20 de la rue du Bout du Monde : le Périscope, c’est son nom, est une galerie vitrine pour les 16 artistes des ateliers du Bout du Monde. Ils y présentent leurs œuvres mais aussi celles d’artistes invités : peintures, gravures, sculptures, costumes, installations changent chaque mois…

–          Galerie Keroman / 9 av. de la Perrière à Lorient / https://www.facebook.com/pages/Galerie-Keroman

–          Le Périscope / 20 rue du Bout du Monde à Lorient / http://galerieleperiscope.tumblr.com

Voyages à l’Orient

c Pierre Collin
c Pierre Collin

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Artiste voyageuse, exploratrice de la couleur et du geste, Ianna Andréadis, née à Athènes et vivant à Ivry-sur-Seine (94), est la 16è artiste invitée par la ville de Lorient pour en réaliser l’estampe annuelle. En résulte une exposition comme une rétrospective : photos, peintures, dessins, jeu de couleurs, livres en tissus. On y croise Lorient, mais aussi Athènes, les États-Unis, l’Inde, l’Afrique, la Terre entière… Ianna saisit l’instant, le mouvement, la lumière, le détail qui fait vivre la toile.

Vous êtes venue une semaine à Lorient au printemps dernier, quelles sont vos impressions sur la ville ?

Ianna Andréadis : J’ai aimé plonger dans Lorient, arpenter ses rues, découvrir son histoire… Le nom même de Lorient résonne chez moi qui ai beaucoup voyagé et travaillé en Inde. Et j’ai été fascinée par les 5 ports, la navette fluviale pour traverser la rade, Groix : c’est une ville vraiment ouverte sur la mer, avec une architecture forte, une véritable identité.

Comment traduisez-vous ces impressions ?

IA : J’ai articulé cette étude sur Lorient en lien avec mon travail depuis 30 ans. La série de photographies prises à travers des fenêtres fait écho à mon obsession des fenêtres. L’Estampe associe photo et peinture : j’ai cadré la vitrine du bar Le Madras dans laquelle se reflète la ville, et notamment le grand immeuble de la Banane. J’y ai associé une peinture de crabe, inspirée des tissus indiens de la Compagnie des Indes. Le titre, « le crabe et la banane », prend un sens précis pour les lorientais, mais sonne aussi comme le titre d’un conte. J’ai également photographié l’architecture des années 50 à travers une série d’angles de bâtiments. Et puis le port, ses lignes fortes, dans des dessins à l’encre ou encore des peintures inspirées des palempores

C’est vrai que les fenêtres reviennent souvent dans vos travaux, pourquoi ?

IA : Elles m’obsèdent ! Les fenêtres sont comme des tableaux qui cadrent l’aléatoire, créant une composition. J’ai lancé un grand projet participatif via Facebook à Athènes : les athéniens m’envoient des vues de leur ville à travers le cadre de leurs fenêtres. Le résultat est une vision inédite et intime d’Athènes. Je présente trois exemples pris sur les 1000 photos déjà publiées, dont une surprenante vue depuis l’intérieur d’un bureau du Parthénon en travaux !

 

Ianna Andréadis, Voyages à l’Orient

Jusqu’au 15 février 2015, Galerie du Faouëdic – Lorient

Visites commentées :

Mardi 13 janvier 2015 à 12h30, commentée par Pierre Collin

Samedi 14 février 2015 à 14h30, commentée par Ianna Andréadis

Une expo dans le vent

Alizé, Brise, Mistral ou Harmattan, le vent perpétuellement brasse les mers et les terres du globe. Il est le fils du soleil qui chauffe les masses d’air. Érigé en Dieu Eole, insaisissable et indomptable, le vent fascine autant les marins que les terriens. Après un hiver de tempête en Bretagne, le vent se laisse finalement approcher dans la nouvelle exposition proposée par la Cité de la Voile Eric Tabarly. Des manipulations et des tests pour mieux comprendre le vent, d’où il vient, comment il fonctionne, quels sont ses effets : reconnaître la direction du vent, le mesurer, le dompter, l’écouter et même le voir. A l’aide d’écrans interactifs, de sons et d’images, d’expériences, d’une cabine à vents, d’un char à voile miniature, de petites histoires et de belles citations, la visite reste  ludique et pédagogique pour toute la famille.

Face au Vent

Pratique :

Face au Vent – Cité de la Voile Eric Tabarly, Base des sous-marins de Keroman à Lorient

www.citevoile-tabarly.com

 

 

Autour de l’exposition

Profitant des vents porteurs, la Cité de la Voile propose de nombreuses animations thématiques pour l’été.

> Escale animations pour les juniors (3-6 ans): réalisation d’objets en lien avec le « vent » / De 15h30 à 17H du 5 au 31 Juillet

> « Bato-labo » : venez expérimenter la vie à bord à travers différentes thématiques : l’alimentation, la sécurité en mer, le matelotage, la météo mode d’emploi / A 15h30 et 17h, du 5 au 31 juillet

> Toutes voiles dehors : un stade nautique de plus de 1 000 m2 pour les baptêmes en Optimist, des simulateurs de dériveurs / De 14h à 18h30, du 5 au 31 Juillet

> Brèves de pontons : des anecdotes liées aux voiliers amarrés à la Cité de la Voile, ou sur le pont du FRA57, l’histoire de ce mythique Class America…  / A 14h30, 16h et 17h30, du 5 au 31 Juillet

> Embarquement immédiat (En complément de la visite) : une balade en mer avec pour toile de fond la citadelle de Port Louis, l’Île de Groix aux côtés du skipper / Du 1er mai au 31 juillet

> Pôle course au large (En complément de la visite) : une visite guidée des pontons et des bateaux de course du Vendée Globe, les maxi trimarans en passant par les Figaro sans oublier les minis 6.50 /  Juillet : du 5 au 31 à 11h, 14h30 et 16h30

> Découverte du char à voile (En complément de la visite) : Encadré par un moniteur (dès 8 ans) / Juillet de 14h à 17h.

> Location de kayak – stand-up paddle (En complément de la visite) : une découverte de l’anse du Ter et de la base de sous-marins  / De 14h à 18h, du 7 au 31 juillet