L’Opéra fait son cinéma

Samedi soir au cinéma Cinéville de Lorient. Passées les caisses, une longue file de près de 200 personnes serpente devant la porte close de l’une des grandes salles de projections. Et ce n’est pas le nouveau Star Wars qu’on attend, mais le Barbier de Séville, en direct du Metropolitan Opera de New York. De l’opéra au cinéma, c’est devenu une habitude à Lorient, à Lanester et dans toutes les villes de France depuis la révolution du numérique. « Tous les contenus deviennent possibles : concerts, événements sportifs, ballets et opéra sont maintenant monnaie courante dans les salles obscures, et rencontrent un véritable succès », affirme Mirko Galli, directeur du Cinéville à Lorient. « Le public aime l’opéra, mais il faut aller loin pour en profiter… Ici, on peut s’offrir l’opéra de New-York pour 20 € dans des conditions idéales, c’est magique ! » reprend Mirko Galli, qui accueille 200 à 250 spectateurs par soirée. « J’ai l’impression d’y être, on voit mieux grâce aux nombreuses caméras : les chanteurs, l’orchestre, les coulisses, les décors…Et surtout c’est sous-titré ! » Marie-Thérèse est enthousiaste. Elle vient depuis plus de 4 ans, et à force, elle a fait connaissance avec les autres amateurs d’opéra au cinéma. « C’est du direct, c’est important, on voit la même chose que le public de New-York, explique Jacques, venu de Groix pour la soirée qui dure quand-même 3h30. « Et puis on s’offre une coupe de champagne à l’entracte », s’amusent deux spectatrices. Une ambiance conviviale entre amateurs de bel canto, qui séduit aussi les novices comme Jeannine : elle ne connait l’opéra qu’au cinéma. Jean, ancien musicien professionnel de l’Opéra de Paris, recommande les places en haut de salle, « le son est meilleur ». En homme averti, il reconnait que l’opéra au cinéma « c’est très bien, c’est une bonne approche de l’opéra, plus facile et plus didactique. Et au moins, on ne risque pas d’être mal placé ! ». Une formule déclinable à l’envi, avec les ballets du Bolchoï, les départs de la Volvo Ocean Race ou encore les spectacles des grands humoristes comme Gad Elmaleh ou Florence Foresti.

Opéra au Cinéma :

– Au Cinéville de Lorient, saison du MET de New York / lorient.cineville.fr

– Au CGR de Lanester, saison du Royal Opera House de Londres / www.cgrcinemas.fr/lanester

Anaïs s’en va-t-en guerre

En novembre, une pluie de films documentaires s’abat sur l’agglomération pour vous faire voyager sans bouger de votre siège. Sur les pas des anciens appelés d’Algérie, chez des syndicalistes jardiniers belges, dans l’apprentissage du métier de chef d’orchestre… Au total, plus de 20 films sont présentés dans 14 communes de l’agglomération de Vannes. Parmi la sélection, le film de Marion Gervais « Anais s’en va-t-en guerre » est le phénomène du moment : diffusé en avril sur TV Rennes, ce beau documentaire de 46 minutes rencontre un succès inattendu, avec plus de 500 000 vues en replay… Suivant le combat d’une jeune femme de 24 ans décidée à cultiver ses fleurs et plantes à infusions en Bretagne, le film a emporté les spectateurs dans le sillage de son impétueux sujet. Têtue, obstinée, battante et volontaire, Anaïs ne se laisse pas marcher sur les pieds : accroupie dans son champ, les mains dans la terre, occupée à monter sa serre, transformant sa caravane en séchoir, rien ne l’arrête. Et rien n’arrête le succès de ce film déjà racheté par France 4 et en partance pour les festivals européens. Car le documentaire peut aussi séduire et mobiliser s’il est sincère. C’est en tout cas ce que défend Marion Gervais, la réalisatrice.

 

Comment est né ce film ?

De ma rencontre avec Anaïs : quand je l’ai vue dans un champ, elle m’a parue sublime, il émanait d’elle une telle puissance et une liberté… Et puis on a discuté, elle m’a parlé de son projet. Elle a la force de tout faire pour réaliser ses rêves, de ne pas subir sa vie. Les choses se sont imposées, c’était instinctif : je l’ai filmée pendant 2 ans !

 

Comment expliquez-vous ce succès ?

Le film et le combat d’Anaïs ont touché quelque chose d’humain chez le public. Il n’y a pas de commentaires, ce qui fait que le spectateur se sent au contact d’Anaïs. Et finalement, ce qui m’a émue chez cette jeune femme finit par rejaillir du film. Cette gamine qui arrive à ce qu’elle veut sans se soumettre ni renoncer : on se projette dans ce modèle, ça nous redonne de l’espoir.

 

Expliquer, interpeler, bouleverser, c’est le rôle du documentaire ?

Il n’y a que le réel et la quête de vérité qui ont du sens pour moi. Le documentaire doit transmettre le réel selon le regard du réalisateur, comme un témoignage. C’est un éclairage, humain dans le cas de mon film, qui nous engage à mettre nos peurs de côté et à vivre sans passer à côté de nous-même. J’aimerais que mon film aille dans les lycées auprès des jeunes qui sont souvent déjà conditionnés par leurs peurs.

 

Quelles retombées de cette réussite ?

Pour Anaïs, humainement, ça lui donne plus de confiance en elle. Et puis elle reçoit beaucoup de soutien : 300 mails par jour, la production de Quark qui lui a créé une campagne de financement pour acheter sa terre, Rollinger qui vend ses tisanes à Paris… Mais elle continue à travailler 15 heures par jour ! Enfin, alors que le film avait été refusé par les chaînes de télévision, un tel succès montre que le public attend aussi autre chose, pas seulement du formaté. Ce film va droit au cœur.

 

Marion Gervais sera présente lors des projections de son film à l’occasion du Mois du Film documentaire.

Programme complet sur www.cinecran.org

A Groix, les Greks fêtent la Grèce

Les Groisillons sont aussi appelés les Greks, un drôle de nom hérité des femmes de l’île qui autrefois gardaient toujours sur le feu une cafetière (Grek en breton) pour réchauffer les pêcheurs de la famille. Et cette année, les Greks reçoivent les Grecs ! Pour sa 14è édition, le Festival International du Film Insulaire de Groix met les îles grecques à l’honneur, et plus particulièrement la Crète. Berceau de la démocratie, destination touristique indémodable puis caisse de résonnance de la crise économique européenne, la Grèce doit aujourd’hui se reconstruire. Et c’est à travers le regard des cinéastes et des réalisateurs que le festival nous présente ce pays, avec une trentaine de films programmés sur la vie des insulaires, les nouveaux défis à relever par le pays, les espoirs qui naissent aussi des pires situations. Le festival s’ouvre ainsi à toute la culture grecque, le cinéma en priorité, mais aussi la musique, la littérature et les arts plastiques. Parallèlement, le FIFIG donne une carte blanche au jeune festival du film de Clare Island dans le prolongement de l’édition 2013 consacrée à l’Irlande.

FIFIG 2014

FIFIG – Festival International du Film Insulaire de Groix

Du 20 au 24 août 2014 – Port-Lay – Ile de Groix

Programme complet sur www.filminsulaire.com