Armen Instrument, leader de l’extraction-purification

Armen Instrument conçoit et fabrique des instruments pour l’extraction et la purification de principes actifs. En 20 ans d’exercice, l’entreprise est devenue le partenaire de pointe de sociétés pharmaceutiques et cosmétiques internationales. Rencontre avec Grégoire Audo, son directeur.

 

Qu’est-ce que l’extraction-purification ?

Grégoire Audo, Armen Instrument photo Le Télégramme

Nous concevons des machines de chromatographie comparative qui permettent d’analyser un mélange et d’en identifier les divers composants, puis de les isoler. Ces technologies sont très utiles en milieu pharmaceutique et universitaire pour extraire une molécule et obtenir un produit pur. Par exemple un principe actif en pharmacie, un extrait de plante en cosmétique, vérifier la traçabilité d’un ingrédient en agroalimentaire… Actuellement, on est en cours d’industrialisation d’un procédé de purification pour une société pharmaceutique.

 

Quelle est votre spécificité dans ce domaine ?

Nous développons une technologie particulière et innovante, la chromatographie de partage centrifuge (CPC). Ce procédé permet des économies de solvants et une meilleure productivité. Nous y associons depuis deux ans une offre de prestation de service en extraction-purification : nous mettons notre labo, nos machines et nos chimistes à disposition d’entreprises clientes qui n’ont ni les moyens ni les compétences pour acquérir le matériel. Nous formons également nos clients. Notre objectif est aussi d’industrialiser le CPC d’ici 3 ans.

 

Vous êtes implanté à Saint-Avé, engagez-vous des collaborations locales ?

Notre ancrage est fort ici. Alors que nous réalisons 60% de notre CA à l’étranger, nous recrutons en Bretagne, nos prestataires et fournisseurs sont aussi dans le grand ouest. Nous collaborons par exemple depuis de nombreuses années avec l’UBS* et son laboratoire LBCM**. En ce moment, nous participons à un projet de thèse sur l’extraction et la purification de molécules à partir d’algues locales. L’idée est d’identifier une molécule qui pourrait remplacer les protecteurs solaires dans les crèmes cosmétiques. C’est important pour nous de participer à la recherche, on ne vend pas qu’un instrument, on travaille en synergie avec l’université pour progresser plus vite, ensemble.

 

* UBS : Université de Bretagne-Sud

** LBCM : Laboratoire de Biologie et Chimie Marines

 

Infos clés :

Création en 1994 à Vannes

Intégration au groupe américain Gilson en 2013

11 salariés dont 4 ingénieurs et 2 chimistes

50 à 100 machines produites par an

60 % du chiffre d’affaires réalisé en Europe et en Asie

Anaïs s’en va-t-en guerre

En novembre, une pluie de films documentaires s’abat sur l’agglomération pour vous faire voyager sans bouger de votre siège. Sur les pas des anciens appelés d’Algérie, chez des syndicalistes jardiniers belges, dans l’apprentissage du métier de chef d’orchestre… Au total, plus de 20 films sont présentés dans 14 communes de l’agglomération de Vannes. Parmi la sélection, le film de Marion Gervais « Anais s’en va-t-en guerre » est le phénomène du moment : diffusé en avril sur TV Rennes, ce beau documentaire de 46 minutes rencontre un succès inattendu, avec plus de 500 000 vues en replay… Suivant le combat d’une jeune femme de 24 ans décidée à cultiver ses fleurs et plantes à infusions en Bretagne, le film a emporté les spectateurs dans le sillage de son impétueux sujet. Têtue, obstinée, battante et volontaire, Anaïs ne se laisse pas marcher sur les pieds : accroupie dans son champ, les mains dans la terre, occupée à monter sa serre, transformant sa caravane en séchoir, rien ne l’arrête. Et rien n’arrête le succès de ce film déjà racheté par France 4 et en partance pour les festivals européens. Car le documentaire peut aussi séduire et mobiliser s’il est sincère. C’est en tout cas ce que défend Marion Gervais, la réalisatrice.

 

Comment est né ce film ?

De ma rencontre avec Anaïs : quand je l’ai vue dans un champ, elle m’a parue sublime, il émanait d’elle une telle puissance et une liberté… Et puis on a discuté, elle m’a parlé de son projet. Elle a la force de tout faire pour réaliser ses rêves, de ne pas subir sa vie. Les choses se sont imposées, c’était instinctif : je l’ai filmée pendant 2 ans !

 

Comment expliquez-vous ce succès ?

Le film et le combat d’Anaïs ont touché quelque chose d’humain chez le public. Il n’y a pas de commentaires, ce qui fait que le spectateur se sent au contact d’Anaïs. Et finalement, ce qui m’a émue chez cette jeune femme finit par rejaillir du film. Cette gamine qui arrive à ce qu’elle veut sans se soumettre ni renoncer : on se projette dans ce modèle, ça nous redonne de l’espoir.

 

Expliquer, interpeler, bouleverser, c’est le rôle du documentaire ?

Il n’y a que le réel et la quête de vérité qui ont du sens pour moi. Le documentaire doit transmettre le réel selon le regard du réalisateur, comme un témoignage. C’est un éclairage, humain dans le cas de mon film, qui nous engage à mettre nos peurs de côté et à vivre sans passer à côté de nous-même. J’aimerais que mon film aille dans les lycées auprès des jeunes qui sont souvent déjà conditionnés par leurs peurs.

 

Quelles retombées de cette réussite ?

Pour Anaïs, humainement, ça lui donne plus de confiance en elle. Et puis elle reçoit beaucoup de soutien : 300 mails par jour, la production de Quark qui lui a créé une campagne de financement pour acheter sa terre, Rollinger qui vend ses tisanes à Paris… Mais elle continue à travailler 15 heures par jour ! Enfin, alors que le film avait été refusé par les chaînes de télévision, un tel succès montre que le public attend aussi autre chose, pas seulement du formaté. Ce film va droit au cœur.

 

Marion Gervais sera présente lors des projections de son film à l’occasion du Mois du Film documentaire.

Programme complet sur www.cinecran.org