Théâtre de Lorient : bienvenue à Simon Delétang

Simon Delétang prend la direction du Théâtre de Lorient à la suite de Rodolphe Dana. Jusqu’alors à directeur du Théâtre du Peuple à Bussang, le comédien et metteur en scène arrive à Lorient en janvier, après la mise en scène de La Mort de Danton de Georg Büchner à la Comédie-Française..

Vous êtes à la fois metteur en scène, comédien, scénographe : d’où vous vient cette passion du théâtre ?

Simon Delétang : La plus grande des questions ! Ce n’est pas forcément un point de départ, même si je suis allé au théâtre tôt avec mes parents mais c’était un calvaire pour moi. Le plaisir est venu progressivement, j’ai fini par trouver ma place grâce à un atelier théâtre au collège. La vraie révélation, c’est ma première fois sur scène, face au public : j’ai découvert un lieu où je me suis senti bien. J’ai eu un parcours de théâtre grâce à l’école, au lycée, à l’université et aux instances publiques, jusqu’à intégrer un Centre dramatique national (CDN) aujourd’hui.

Vous connaissez le fonctionnement d’un théâtre : vous êtes passé par la direction de la Comédie de Reims, aux Ateliers de Lyon, puis pendant près de 6 ans au Théâtre du Peuple, dans les Vosges, un théâtre original…

Le Théâtre du peuple est unique : un équipement de 800 places, dans un village de 1 200 habitants… Tout en bois, avec le fond de scène ouvert sur l’extérieur, il est classé depuis 1895. On y travaille avec des amateurs et des pro, le public vient de toute la France. C’est au Théâtre du Peuple que j’ai fait mes armes sur un théâtre grand public, avec un répertoire populaire et de haute littérature. J’ai arpenté le territoire pendant 4 ans, à pied, dans la montagne, pour présenter un spectacle d’une heure aux habitants. C’est une expérience unique, très singulière.

Pourquoi avoir choisi Lorient ?

Je suis venu jouer à Lorient vers 2012 au Grand Théâtre. De ma loge, je voyais la pelouse du stade du Moustoir : c’était incroyable d’être si proche d’un stade, lieu populaire, pour moi un fan de foot ! J’ai eu envie d’aller vers ce lieu. Et puis j’ai toujours rêvé de diriger un CDN, avec une équipe solide pour porter les projets avec moi. Lorient est aussi un outil d’exception : 3 salles, un territoire très vaste, la dimension pluridisciplinaire, l’effervescence culturelle, une chance absolue. Mon projet c’est « un théâtre de terrain » : je veux mettre à profit mon expérience de la décentralisation en montagne et créer un réseau de diffusion à Lorient et dans les villes et villages alentours. Aller vers le public, chez lui, et l’encourager à venir à Lorient.

En savoir + : http://www.theatredelorient.fr

Rebirth of Jazz : le jazz coloré de Loriangeles

Depuis quelques semaines, Lorient a sa compilation jazz : Rebirth of Jazz. Un disque hommage imaginé par deux amoureux et de la musique avec la participation d’artistes liés à Lorient depuis 35 ans.

Amateurs très éclairés de jazz, soul et funk, Julien Le Bono (Corner Records) et Emmanuel Le Priol (producteur) ont créé leur label Rebirth of Wax en 2017. Après la réédition d’artistes très pointus et souvent introuvables, ils se sont lancés dans la création d’une compilation jazz originale, Rebirth of Jazz. « On voulait réunir des artistes qu’on aime et qu’on connait, raconte Emmanuel Le Priol. Afro-Jazz, Acid-Jazz, Electro, Ethio-Jazz, Maloya, Free-Jazz : il y existe ici un viviers d’artistes talentueux en dehors du rock et de la musique celtique ». « Et c’est aussi un hommage à un histoire extraordinaire, complète Julien Le Bono : celle du premier club de jazz créé à Paris en 1946 par deux Lorientais, le couple Pérodo, qui envoyaient les bénéfices à Lorient… La ville doit une partie de sa reconstruction au jazz ! » Raymond Queneau, Juliette Greco, Jean-Paul Sartre, Tyree Glenn, ou encore Boris Vian ont fréquenté ce Caveau des Lorientais, autour de Claude Luter et ses musiciens. « Nous avons sélectionné des titres de 1985 à 2021, cherché et contacté des musiciens, connus ou non, mais ayant un lien avec Lorient : le saxophoniste Philippe de Lacroix Herpin, Le Cercle, Galawé, Naissam Jalal, Erwann Kermorvant… Ils ont tous été partants ». Une année de travail aura été nécessaire pour boucler ce disque de 5 inédits et 3 rééditions. Même le graphisme soigné est local : Dino Voodoo, graphiste lorientais, signe la couverture de ce vinyle déjà culte, qui vient d’intégrer la playlist très sélect de FIP (Radio France).

Rebirth of jazz : en vente chez Corner Records à Lorient / 20 €

Yann Kebbi à la Galerie du Faouëdic

Scènes urbaines crayonnées et colorées, gravures, dessins pour la presse, livres illustrés : le travail de Yann Kebbi est multiple. C’est aussi le 24ème artiste invité à créer une estampe pour la Ville de Lorient. A cette occasion, une rétrospective inédite de son travail est présentée à la Galerie du Faouëdic du 13 janvier au 5 mars.

Quelles œuvres allez-vous présenter à Lorient ?

Yann Kebbi : Ce sera une vision assez globale et exhaustive de mon travail, ciblé sur le dessin et la représentation sur papier. Dans ce champs, je présente un éventail assez large de pratiques : dessin figuratif d’observation, applications pour la presse et l’édition jeunesse, de BD ou d’artiste… On découvrira d’ailleurs quelques livres. On trouvera aussi un travail plus expressif de gravures et de monotypes, dans de plus grands formats et souvent en noir et blanc. En tout, une cinquantaine d’œuvres seront présentées.

Crayons de couleur, peintures, gravures : vous aimez passer d’une technique à l’autre ?

Ma passion, c’est le dessin et la peinture : tracer, reproduire des choses, le réel. Dans cette obsession du dessin, je cherche à me renouveler, à ne pas m’ennuyer : je peux varier les formats et surtout les outils. Changer d’outil me permet d’aller à un croisement : tester les différentes applications du dessin et de l’utilisation des images, tout en questionnant l’esthétique et la représentation. J’aime cette variété qui impacte aussi le rythme de travail : une commande à livrer rapidement, un atelier d’estampe qui va me demander du temps… Le changement d’outil permet une approche différente. Et je cherche à ne pas me laisser enfermer dans une catégorie, je veux explorer et bouger sans cesse.

Vous êtes venus quelques jours à Lorient pour créer votre estampe de la ville. Quelles sont vos impressions ?

Ce principe de commande publique implique deux enjeux : répondre à une demande municipale avec une attente de « communication », tout en réussissant à s’en défaire et produire pour soi… C’est un exercice un peu paradoxal. Je ne connaissais pas Lorient, pourtant ma famille est de Quimper. Je suis venu deux jours pour explorer la ville à pied. J’ai été étonné de découvrir que Lorient avait été détruite, ça m’a rappelé Le Havre : j’ai beaucoup aimé ce mélange architectural d’après-guerre. Mais je ne souhaitais pas résumer Lorient à un « contenant », je voulais sortir de la carte postale. J’ai réalisé un travail sur l’humain plutôt que sur le bâti, avec un côté marin et historique lié à l’art breton…

Yann Kebbi, du 13 janvier au 5 mars, Galerie du Faouëdic

Vernissage le 27 janvier, visite commentée en présence de l’artiste le 28 janvier.

L’espace au service du maritime

L’Agence Spatiale Européenne encourage l’utilisation des données spatiales : routage, géolocalisation, observation, communications, elles ouvrent de nouvelles possibilités au transport maritime. Avec l’incubateur ESA BIC Nord France, l’agence accompagne et accélère les projets liés au spatial.

« La volonté de l’ESA* et du CNES* est de développer l’utilisation des données des satellites Copernicus pour l’observation et Galileo pour la navigation, de créer de la richesse dans d’autres secteurs d’activité ». Alexia Freigneaux est chef de projet pour l’ESA BIC Nord France*, l’un des 24 incubateurs de l’Agence Spatiale Européenne créés en 2018. La région Nord France inclut notamment la Bretagne, gérée par le Technopôle Brest Iroise. « Nous entendons la volonté des armateurs et des ports de réduire leur impact sur l’environnement et la consommation des navires : cela passe par l’optimisation du routage. De plus en plus de satellites fournissent des données intéressantes : température de la mer, vents, vagues, courants… » En couplant les données de géolocalisation et d’observation, l’objectif est de mieux guider les navires vers les meilleurs itinéraires.

Utiliser les courants pour améliorer le routage

Créé en 2015, eOdyn s’est spécialisé sur les courants marins : « la technologie unique que nous avons développée utilise les données satellites pour observer les courants à l’échelle de la planète en quasi temps réel, tout en analysant le comportement et la dérive des navires » précise Yann Guichoux, président d’eOdyn à Plouzané (29). Détecter les structures tourbillonnaires pour la Marine dans la lutte anti sous-marine, identifier les courants extrêmes pour les opérations en mer des énergies offshore, sélectionner les meilleures routes maritimes : « les applications sont multiples, et on estime que l’utilisation des courants peut faire économiser 5% de carburant ». L’entreprise, accompagnée par l’ESA BIC Nord France, collabore également avec la communauté scientifique, de l’Ifremer au SHOM, afin de mieux comprendre le comportement des océans.

Faciliter l’utilisation des données spatiales

Les données spatiales sont transversales intéressent de multiples secteurs d’activité : agriculture, santé, environnement, logistique ou bien-sûr transport maritime. Pour accélérer leur usage, l’ESA BIC Nord France accompagne les start-up comme eOdyn, en lien avec le spatial : « celles qui utilisent les données de géolocalisation, la communication satellite ou l’observation et qui représentent 75% des entreprises accompagnées. Les 25% restant concernent les entreprises spatiales : nouveaux lanceurs, technologies appliquées au spatial, etc. Des projets souvent plus lourds et plus compliqués à mettre en œuvre », précise Alexia Freigneaux. En Bretagne, l’ESA BIC Nord France suit 5 entreprises du Finistère, dont 4 du secteur maritime : « une spécificité locale qui représente bien la région ». Et avec le lancement de nouveaux satellites, le potentiel de développement est énorme : « le spatial peut apporter beaucoup, notamment pour baisser l’impact de nos activités sur l’environnement ».

www.esabicnord.fr / www.e-odyn.com

*ESA :  European Space Agency

CNES : Centre national d’études spatiales

ESA BIC : ESA Business Incubation Center

Nouvelles propulsions : plus propre, plus loin ?

Utiliser le vent pour le transport maritime ? Une idée simple, et finalement séculaire : la voile a de tout temps été l’outil privilégié des compagnies marchandes. A l’heure des technologies intelligentes et des nouveaux matériaux, revenir à la propulsion vélique s’avère d’une étonnante modernité et permettrait de franchir un pas décisif vers la décarbonation. Innovante en la matière, la Bretagne a déjà lancé les bases d’une filière propulsion par le vent. Le point avec Carole Bourlon, de Bretagne Développement Innovation BDI, et Stéphane Pennanguer de la Région Bretagne.

« Le transport maritime concerne 90% des marchandises et est responsable de 3% des émissions de GES*. Les objectifs de l’OMI sont clairs : réduire les émissions de 30 % d’ici 2030, et de 50% en 2050 ». C’est ce constat, rappelé par Carole Bourlon de BDI, qui a appelé à développer des solutions décarbonées. « Il est urgent d’agir, et l’augmentation des prix du carburant a encore accéléré les choses, complète Stéphane Pennanguer, de la Région Bretagne : le transport maritime propulsé par le vent est porteur et économiquement viable ». S’appuyant sur le modèle de Grain de Sail, qui transporte du café et du chocolat à la voile, ou de l’association Wind Ship, qui œuvre à accélérer la transition vers la propulsion vélique, BDI et la Région ont lancé fin 2021 la structuration d’une filière à l’échelle de la Région. « Nous avons en Bretagne une avance technologique, et un écosystème favorable, notamment avec la Course au Large, qu’on veut transformer en filière industrielle » selon Carole Bourlon.

L’atout breton

61 entreprises déjà actives sur le secteur, 100 attendues d’ici 2 ans, 28 M€ de chiffre d’affaires : l’étude menée par BDI montre que le transport maritime à la voile est une réalité en Bretagne, avec des opportunités de développement. Selon Stéphane Pennanguer, « on peut distinguer deux grands atouts : les technologies et compétences liées à la Course au large et un réseau de grands ports et de ports secondaires ». La Bretagne peut donc accélérer la décarbonation de son territoire, et proposer des solutions industrielles de niveau mondial. « L’objectif est double : développer les lignes et les volumes du transport maritime vélique, et établir en parallèle des lignes secondaires de produits à forte valeur ajoutée, par exemple vers les îles. L’impact du cabotage peut être fort en local ». L’intérêt pour la propulsion vélique s’accélère et la Bretagne est très attractive : « depuis le lancement en novembre nous échangeons de façon très régulière avec une trentaine d’entreprises » pointe Carole Bourlon. Si les idées, les acteurs et les projets ne manquent pas, reste à les mettre en musique via une feuille de route de la Région attendue d’ici quelques mois pour définir une stratégie. « Dans l’idée aussi d’une complémentarité avec d’autres vecteurs énergétiques comme l’hydrogène ».

 *gaz à effet de serre / Organisation maritime internationale

Transport maritime : vers la décarbonation et l’innovation

Des transports moins polluants et plus engagés ? Les instances réglementaires comme les opérateurs s’accordent sur cet objectif impératif à moyen terme. Le point avec Magda Kopczynska, Directrice du transport maritime à la DG MOVE* et Jean-Marc Roué, président du Conseil de surveillance de Brittany Ferries.

Quel est l’enjeu du transport maritime pour la Commission Européenne ?

Magda Kopczynska : Les transports jouent un rôle essentiel dans le marché unique et la libre circulation des biens et des personnes. Le transport maritime représente 80% du commerce mondial et 400 millions de passagers par an. La DG MOVE soutient la compétitivité, la sécurité et la transition environnementale et numérique du secteur, notamment via la législation européenne. La DG MOVE s’appuie sur l’aide technique de l’AESM* et coordonne l’action des états de l’OMI*.

Pouvez-vous rappeler l’activité et le poids de Brittany Ferries ?

Jean-Marc Roué : L’entreprise fête ses 50 ans cette année : 50 années à développer des lignes maritimes régulières entre territoires périphériques. Au départ de Calais vers l’Angleterre, entre la Bretagne et l’Irlande, entre le Royaume-Uni et l’Espagne… Aujourd’hui, nous transportons 2,5 millions de passagers dont 80% de Britanniques et à 95% motorisés. Notre flotte compte 11 navires, le 12ème est en cours d’essai pour une livraison en 2023. Nous assurons également le transport de véhicules industriels accompagnés ou non : tracteurs, poids-lourds, remorques, à raison de 200 000 par an. Brittany Ferries est devenu le premier employeur de marins français.

Quelles sont vos visions sur les engagements pris au One Ocean Summit et à la conférence des Nations Unies de Lisbonne ?

Magda Kopczynska : Nous nous réjouissons de la prise de conscience des états et des organisation internationales sur les enjeux de protection des océans, et de leurs engagements à agir concrètement. Ils complètent les mesures de l’Europe pour favoriser la transition écologique du transport maritime, plus particulièrement sur le déploiement de carburants alternatifs, y compris à quai. Nous souhaitons élargir cette politique européenne au niveau de l’OMI. Nous luttons également contre la pollution marine issue du transport : installations portuaire de réception des déchets, sanctions contre les rejets polluants…

Jean-Marc Roué : Nous avions besoin d’un cadre.Le shipping est moins visé que l’aérien car il représente 3% des émissions pour 80% des marchandises transportées. Mais l’OMI s’organise pour améliorer les choses, notamment avec la mise en place d’un indice d’émissions au mille nautique, et pas à la tonne transportée. Avec cet indice, il faudra renouveler ou améliorer les bateaux.

Comment accompagner la décarbonation du transport maritime ?

Magda Kopczynska : Conformément au Pacte Vert européen, la Commission a proposé des mesures visant à atteindre 55% de réduction des GES d’ici 2030. Pour le transport maritime, la DG MOVE a lancé 2 initiatives : le règlement sur l’utilisation de carburants alternatifs et celui sur les infrastructures associées. Dans le contexte international, nous coordonnons les efforts des Etats européens pour revoir à la hausse les ambitions et l’adoption de mesures concrètes.

Jean-Marc Roué : Nos navires vont naviguer pendant 35 ans. Quand on a commandé le Salamanca, on a choisi un moteur au GNL (gaz naturel liquéfié) et capable d’utiliser le méthane vert : une solution évolutive. Pour le prochain navire de 2023, nous avons couplé propulsion GNL et électricité pour manœuvrer dans les ports sans combustion, sans bruits, sans pollution. Côté fret, nous avons lancé une ligne ferroviaire pour assurer la continuité avec le bateau : 980 km safe carbone vers l’Angleterre et l’Irlande. Nous sommes des vendeurs de rêve et de plaisir, nous devons être capables d’aller plus loin que la réglementation.

Votre regard sur des organisations comme le Campus Mondial de la Mer ?

Magda Kopczynska : Les organisations comme le Campus Mondial de la Mer, rassemblant différents acteurs de l’industrie, de la recherche, des autorités locales, favorisent les partenariats et les rencontres fructueuses qui nourrissent les consultations européennes. Elles aide également à la bonne mise en œuvre du cadre réglementaire européen et à l’intégration concrète des politiques européennes au niveau local.

Jean-Marc Roué : Nous évoluons en Europe et nous bénéficions du réseau pour nous accompagner dans la décarbonation. Avec 500 M€ de CA, nous n’avons pas d’équipe R&D, nous travaillons avec des partenaires du Campus Mondial de la Mer. Et nous bénéficions de l’expertise de nos prédécesseurs, comme CMA CGM qui utilise déjà le GNL et a formé nos équipes. On y gagne à travailler ensemble !

*Direction générale de la mobilité et des transports de la Commission Européenne

Agence européenne de sécurité maritime

« Les désailés parlent de nous »

 

Violaine Fayolle est une artiste habitée : jeune femme brune, les cheveux courts, les yeux pétillants et le verbe généreux. Son projet, les désailés, est multiple et ambitieux. Philippe, Thierry, Léon, Igor, Simon ou Violaine : ce sont des oiseaux chimériques, à la fois humains et animaux, autour desquels Violaine organise pour 2017 une exposition, un cabinet de curiosité, du théâtre d’ombres, un film et un spectacle… « Je travaille sur ce projet depuis deux ans, confie la jeune femme, il m’habite totalement. » Et c’est pour concrétiser ce projet un peu fou qu’elle a lancé une campagne de souscription en ligne.

 

Traduire la difficulté d’être humain

Peintre, graveur sur bois, mais aussi diplômée de littérature, violoniste et danseuse, Violaine Fayolle le revendique : « l’art n’est pas pour moi un plaisir, mais une nécessité ». Pourtant, c’est en dehors des sentiers battus qu’elle a forgé ses techniques et développé sa créativité : pas d’études aux beaux-arts, mais une curiosité insatiable et un regard aiguisé. « Je ramasse des algues séchées, des coquillages, des bouts de bois, ils m’inspirent : dans cette branche, je vois la forme d’un joli cou, ce chardon bien rond offre un beau volume, des formes que j’exploite dans mes carnets ». Une dizaine de carnets Moleskine noirs, peuplés de dessins à l’encre noire : des oiseaux, des plumes, des branches, des visages, des croquis qui donneront naissance à 30 créatures hybrides, les désailés, réalisés à la gravure sur bois. « Ce sont des oiseaux, ils ont des ailes mais ne peuvent pas voler, explique l’artiste. On vit tous dans un monde difficile, on a du mal à être d’accord avec le système, ce qu’on nous impose… On passe par des phases d’incompréhension, de décalage. C’est ce que je montre avec cette série, en mettant en scène la figure du monstrueux, symbole du décalage. »

 

Révéler la beauté cachée

Violaine est une artiste du sensuel, du physique. Elle aime travailler la matière, ressentir les choses. « J’aime le bois, j’ai l’impression de libérer mes oiseaux en creusant la plaque. Et puis, en réalisant mes gravures, j’ai découvert des beautés spontanées : dans les étapes intermédiaires, des formes naissent, mais elles doivent disparaissent pour arriver au résultat final. Ces beautés éphémères, je les ai fixées par l’impression. » Une démarche qu’elle renouvelle en exploitant les caches, formes découpées dans du papier pour cacher certaines parties de ses gravures, et qui formeront un petit théâtre d’ombres. A partir d’une forêt noire, l’artiste veut graver dans le bois une narration grand format : « la forêt se révèle, puis se dissout, laissant les désailés en errance ». Un autre projet autour des oiseaux désailés sera réalisé en vidéo selon la technique du stop-motion, par l’accumulation de milliers de photos, prises à chaque étape de la gravure. Les désailés, oiseaux chimériques et pourtant si familiers, racontent la complexité des humains et de la société. Le travail sur bois, la transformation de la matière, racontent aussi cette histoire.

Un projet artistique à soutenir

Cette incroyable fresque artistique autour des désailés imaginée par Violaine doit prendre place à la galerie Pierre Tal Coat à Hennebont au printemps 2017. Pour permettre à ses créations de vivre et de se réaliser, l’artiste a lancé une campagne de financement participatif en ligne, où elle expose l’ensemble du projet et les différentes étapes de sa réalisation. De l’impression de ses gravures à la création d’un spectacle dansé, chaque intervention artistique nécessite un financement. « C’est difficile aujourd’hui de vivre de son art. Le financement participatif peut être une solution, mais je ne veux pas demander de l’argent sans offrir de contrepartie » : cartes postales, affiches, dessins, gravures originales sont offertes aux généreux donateurs. « Depuis toujours, j’ai besoin de peindre, de dessiner, de danser. Je communique autrement qu’avec les mots » confie la jeune artiste, pourtant diplômée en littérature. « Je suis pleine de paradoxes ! »

Plus d’infos sur son travail et son projet sur www.violaine-fayolle.com

 

 

Auto-construction : le DIY pour ma maison

Laissez-faire le spécialiste : vous ! De l’auto-construction à la fabrication de panneaux solaires, les particuliers reprennent en main leur consommation et cherchent à mieux comprendre les techniques qui alimentent leur quotidien.

 

En ces temps de COP21, il est intéressant d’explorer les initiatives qui visent à rationaliser notre consommation et notre dépense énergétique. Devenue une nécessité, l’éco-construction fait partie de ces nouvelles tendances pour mieux construire : matériaux et techniques respectueuses de l’environnement, faible dépenses énergétiques, isolation renforcée, architecture bioclimatique et énergies renouvelables sont de tous les chantiers. Pour aller encore plus loin, l’auto-construction se développe dans le sillage de ces problématiques : « aujourd’hui, la proportion d’auto constructeurs augmente. On s’intéresse de plus en plus aux techniques qui peuvent s’approprier et qui ne demandent pas un outillage énorme ou un degré de technicité extrêmement important, avec des matériaux simples, comme les bottes de paille, les ossatures bois » explique Julie Barbeillon*, rédactrice en chef de La Maison Écologique qui organisait le salon Ecohome de l’habitat durable en octobre à Paris. Le DYI (de l’anglais Do It Yourself : que l’on faire soi-même)  est l’autre grande tendance sur Internet. « Vous allez trouver de petites fiches pratiques pour isoler vous-même votre maison, faire un banc en palettes de bois recyclé, des meubles en carton, votre mobilier à partir d’éléments recyclés. Par exemple en Bretagne, l’association Aezeo forme les particuliers et les collectivités locales à l’auto-construction en énergies renouvelables. Vous pouvez donc apprendre à construire un panneau solaire, un poêle à bois, et des techniciens de collectivités locales y participent ! ». En France, les professionnels du bâtiment estiment que l’auto-construction représente 3 à 7 % des maisons réalisées chaque année en France.

 

Aezeo : se former aux énergies renouvelables

Aezeo est un centre de formation unique en France. Installé à Ploemeur, près de Lorient dans le Morbihan, il propose des formations à l’autonomie énergétique dans le bâtiment. « Nous formons et accompagnons les personnes qui souhaitent devenir autonomes en énergie, produire et/ou exploiter leur propre énergie » explique Samuel Le Berre, fondateur d’Aezeo. Concrètement, on y apprend à fabriquer des panneaux solaires, des poêles bouilleurs, des éoliennes, des systèmes complets pour l’eau chaude et le chauffage… « Les stagiaires fabriquent eux-mêmes leur poêle bouilleur, leur éolienne, pour ensuite les emporter et les installer chez eux. C’est du sur-mesure ».  Jusqu’à l’autonomie énergétique : production de chaleur et d’électricité, maîtrise de la conception de systèmes 100% autonomes. En cinq ans d’existence, Aezeo a accueilli plus de 400 stagiaires, dont de nombreuses collectivités locales et des artisans, de plus en plus intéressés par les énergies renouvelables. « Je suis convaincu que l’autonomie énergétique passe par une meilleure connaissance. Grâce à notre formation, les stagiaires comprennent que finalement, c’est facile. Facile qui se dit aezeo en breton… ».

 

Maîtriser sa consommation et créer une chaîne du savoir-faire

 

Pourquoi se lancer dans la construction de son poêle à bois, alors qu’il en existe de centaines sur le marché et que des artisans peuvent les installer ? « C’est une envie et un besoin de maîtriser le savoir-faire, explique Samuel Le Berre. On est le Ikea ou le Leroy-Merlin des énergies renouvelables : comme on assemble son armoire ou on installe son lavabo, on apprend à concevoir son équipement et à maitriser sa production d’énergie ! ». Un concept pédagogique et concret, mais aussi une réaction face à un système vorace qui tend à lasser de plus en plus de consommateurs. « Pour certains, c’est une recherche de liberté : celle de contrôler ses besoins en énergie, qui sont l’un des besoins primaires de l’homme ». Avec Aezeo, Samuel Le Berre va aussi former d’autres formateurs, des spécialistes qui vont essaimer partout en France de nouveaux centres de formation aux énergies renouvelables. « Je veux partager mes compétences et créer une chaîne de savoir-faire, pour voir les énergies renouvelables se développer rapidement. » Le centre Aezeo a déjà permis de construire 400 m² de panneaux solaires, dont 20 m² pour la ville de Lorient. Mais la grande majorité des stagiaires vient d’au-delà du Pays de Lorient, « les gens traversent la France pour suivre nos formations, il y a une très forte demande ».

 

 

 

 

* En savoir plus sur http://www.consoglobe.com/maison-eco-construction-cg#xIVxqH8gSz3FgxmH.99

 

 

Ils ont choisi Lorient Odyssée

Promoteur ou hôtelier, les premiers investisseurs ne se sont pas fait attendre pour miser sur l’ambitieux projet Lorient Odyssée.

Des bureaux, des commerces, un hôtel, un restaurant, des logements de différentes tailles et hauteurs, des parkings pour voitures et vélo : c’est un nouveau quartier qui se dessine autour de la gare de Lorient. Le projet Lorient Odyssée devrait à terme occuper les 15 hectares du secteur, et dès l’année prochaine, les premiers immeubles vont sortir de terre. « C’est un beau projet, de très belle taille, confirme Cécile Robino, développeur immobilier chez Adim Ouest, promoteur des deux premiers ilots. Et l’arrivée de la grande vitesse, on y croit ». Adim Ouest connaît bien le sujet des renouveaux des quartiers de gares et des effets de la LGV : l’entreprise réalise un ensemble du même type à Angers et un autre à Nantes, tous les deux près de la gare. « Lorient est une ville dynamique qui présente de nombreuses possibilités en termes de construction, explique Cécile Robino. On a une certaine expérience des projets en lien avec les gares, et on sait que l’arrivée de la LGV dans une ville déjà dynamique ne peut qu’amplifier son attractivité ». Adim Ouest s’est donc porté candidat pour la construction d’un ensemble immobilier mixte qui comporte un parking public, des commerces, 5 immeubles avec deux grandes éminences de 11 et 12 étages, figurant des phares sur la ville, mais aussi un hôtel et un restaurant de plus de 2 500 m². Et c’est le groupe Kolibri, installé à Caudan et déjà propriétaire de 7 hôtels entre Lorient et Brest, qui a choisi d’investir dans ce projet. « Ce choix remonte déjà à plusieurs années, se souvient Bertrand Hesnard, dirigeant du groupe Kolibri. Si l’on considère l’environnement économique de Lorient, on constate qu’il n’y a pas eu de projet hôtelier depuis la construction des Rives du Ter à Larmor. Mais au regard du développement économique de la ville, qui sera encore accéléré avec l’arrivée de la LGV, on peut attendre une progression du flux du tourisme d’affaires et de loisirs. Ce projet a donc du sens, il accompagne et consolide l’offre existante ». Le groupe travaille déjà à un nouveau concept de restaurant innovant, dans les tendances culinaires actuelles.

Dragage : un enjeu économique et touristique

Les dragages sont nécessaires pour assurer la circulation sur la rade : sur les chantiers de DCNS, au port de pêche et au port de commerce, acteurs incontournables de l’économie locale, dans les ports de plaisance et au Pôle Course au Large. Car le territoire vit en partie grâce à la mer.

Au port de pêche de Keroman, les derniers dragages remontent à si loin que certains chalutiers talonnent le fond. A l’avant-port de Lorient, les bateaux ne sortent plus à basse mer lors des grands coefficients. Aux pieds de la Cité de la Voile Eric Tabarly, les pontons se posent sur le fond à fortes marées basse. Au port de commerce, les grands vraquiers surveillent les marées pour entrer. Le constat est le même partout où l’activité est liée à la mer : sans dragage, l’activité est en péril, et le manque à gagner est considérable pour le territoire. Un dragage régulier est donc impératif pour permettre aux bateaux d’entrer et de sortir librement du port et de circuler dans la rade. Une problématique prise en compte très sérieusement par DCNS qui pratique des dragages chaque année. « Il s’agit de dragages d’entretien réguliers, ce qui nous permet d’éviter les gros dragages, plus coûteux et plus lourds, explique Guillaume Mathieu, en charge des questions de dragage à DCNS. Et puis, on s’assure ainsi d’avoir un minimum de sédiments à immerger à Groix, sur le site de clapage autorisé par la préfecture » (voir page XX). Entre 10 et 20 000 m3 de sédiments sont ainsi dragués chaque année. Car les frégates multi-missions et autres corvettes Gowind assemblées par le chantier naval exigent des tirants d’eau compris en 6 et 8 mètres pour circuler. DCNS doit ainsi assurer la construction de 10 frégates FREMM d’ici 2022, et les numéros 6, 7 et 8 sont actuellement en chantier à terre et à quai. « Si on ne drague pas, l’envasement nous empêchera de mettre nos navires à quai, rendant impossible toute notre activité industrielle ». D’ailleurs, DCNS a déjà établi un plan de gestion opérationnelle de ses dragages en 2011, avec un arrêté préfectoral décennal qui court jusqu’en 2022. « On sait aussi qu’on doit avoir une vision plus globale des dragages, avec tous les opérateurs. C’est pourquoi on remet en cause notre arrêté préfectoral pour intégrer le PGOD élaboré ensemble et à l’échelle de la Rade. »